Francophonie

À l'instar du doyen de la faculté de linguistique appliquée de l'université d'état d'Haïti lors de la semaine de commémorations venant de s'achever, nous plaidons ici aussi pour le plein respect de l'ensemble des variétés du français et afin de promouvoir les apports non négligeables de la nôtre à la francophonie mondiale "brunie sous le soleil des tropiques".

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« Il est absurde que des Haïtiens tentent de parler comme des Français ou des Canadiens », commente le doyen de la FLA. Selon lui, le français haïtien est une variété comme toutes les autres. D’ailleurs, il affirme qu’au lieu de parler de « la langue », on devrait considérer qu’il existe des « variétés ». Le linguiste croit que c’est davantage à travers ses particularités que le français haïtien contribue au renforcement de la francophonie internationale. C’est, pour lui, une erreur que la francophonie haïtienne ait vécu dans la négation du créole, la langue maternelle - Le National

 

Je me souviens, à cette occasion, de l'un des tout premiers linguistes, Pradel Pompilus, relatant à ses élèves de classe de troisième - il y a de cela quarante ans - l'échec regrettable de sa tentative de faire inscrire quelques-uns de nos savoureux vocables dans le dictionnaire de l'Académie française.  Il avait proposé, entre autres, le mot "dodine" en qualité de synonyme haïtien bien francophone de l'anguleux "rocking chair" ou "chaise à bascule".

Maintenant qu'un académicien de chez nous, Dany Laferrière, siège au sein de cette  institution, peut-être voudra-il un jour reprendre avec succès le combat de la "dodine" et - pourquoi pas aussi - pour d'autres termes comme "sapotille", "cachiman"...

Nous lui poserons bientôt la question. Mais, en dehors d'attendre l'onction centrale de la France, il est mieux de prendre en main nous-mêmes notre destin linguistique côté "outil français" également, comme nous sommes enfin en train de l'initier pour notre créole. À quand une section "Français d'Haïti" à l'Académie créole de Port-au-Prince ?  Face à la poussée anglophone, l'avenir du français ne serait-il pas dans la défense de la diversité de toutes ses variétés ? Dans l'assurance aussi d'une participation de toutes ses ramifications à son enrichissement métissé et fraternel. Cela, sans retenue ni arbitraire ou hautaine exclusion. Ainsi, il n'y aura aucune raison de désespérer ni même de douter de la beauté ou de la vitalité de la langue française... ni d'ailleurs de celles du créole.