Sur le partenariat établi par LEVE avec l’Université d’État d’Haïti (UEH)

Faire appel à la faculté de Linguistique appliquée de Port-au-Prince est une manière d’établir un lien productif entre la recherche universitaire et la nation haïtienne qui doit enfin pleinement en bénéficier 

Suite de l'entretien accordé par LEVE au quotidien Le National - Revenir au début de l'entretien

 

Le National : En quoi consiste votre partenariat avec l’Université d’État d’Haïti (UEH) ? Spécialement la faculté de linguistique appliquée (FLA) ?

Frantz Gourdet : Établie entre l’association LEVE et l’Université d’État d’Haïti, la convention de partenariat paraphée par le recteur de l’UEH, Fritz Deshommes, et moi-même vise à générer dès 2017 une task force appelée à « ouvrir aux créolophones un pan significatif du patrimoine intellectuel mondial » à l’aide de traductions de grande qualité vers le créole haïtien. Pour atteindre cet objectif, nous avons lancé en mai dernier le Programme de formation en techniques de traduction (PFTT) accueillant la toute première promotion constituée de trente-deux lauréats, dont la plupart sont déjà des traducteurs professionnels ou ont au moins la quatrième année de licence linguistique ou littéraire à l’UEH.

Cette « force traductive » baptisée du nom collectif d’Ana Kileveya s’étoffera chaque année d’une trentaine de nouveaux membres sur une période de dix ans. Et au terme de cette période initiale, Ana sera amenée à doser son effort permanent de production d’ouvrages bilingues en fonction de l’état de l’économie réelle et à s’adapter aux besoins des sphères culturelle, éducative, administrative, diplomatique etc. Par ailleurs, après l’obtention de son diplôme et où qu’il soit dans le monde, chaque membre d’Ana Kileveya s’engage, dans des conditions d’intéressement définies, à contribuer en tant que traducteur principal à la réalisation d’au moins un livre par an. Nous pouvons ainsi tabler sur environ mille six-cents titres au bout des dix premières années.

Faire appel à la faculté de Linguistique appliquée de Port-au-Prince est une manière d’établir un lien productif entre la recherche universitaire et la nation haïtienne qui doit enfin pleinement en bénéficier pour assoir son développement et accroître sa richesse. Et c’est déjà enrichir le peuple haïtien que de le doter d’une bibliothèque créole qui encapsule à son profit, dans sa propre langue de vie, une bonne partie de la culture et des connaissances de l’humanité. C’est l’enrichir de nouvelles capacités intellectuelles, matérielles et pratiques et de nouvelles opportunités devant lui ouvrir la voie à la création de moyens et de richesses pour fonder une réelle indépendance tout en aménageant de nouvelles passerelles d’échanges avec les nations. C’est, pour une fois, enrichir le peuple haïtien tout entier, sans appauvrir personne.

 

 

l3_1.png l2_1.png

 

 Lire l'intégralité de l'entretien : Rencontre avec le traducteur Frantz Gourdet (Le National, 02/07/2017)

Rencontre avec le traducteur Frantz Gourdet - La suite (Le National, 04/07/2017)

 

* Illustration : Tableau de Placide Zéphir