Le Nouvelliste parle de Yon nèg apa...

By Yann Kileveya

Paris, 10 juin 2017

 

Nous publions ici la toute fraîche réaction de Yann (Kileveya) à un article  du quotidien "Le Nouvelliste" présentant le livre bilingue "Yon nèg apa - L'étranger" des Éditions LEVE sous le titre erroné de "Yon nonm apa"

 

Enfin ! Voilà qu'on s'intéresse à ce formidable travail de traduction raisonnée auquel s'est attaqué Frantz Gourdet avec précision. Sur ce chemin glissant, il se démarque, tout en retenu, de la traduction "accrolectale" de son prédécesseur, Guy Régis Junior.

Mais, de grâce, vite vite, très cher Joe Antoine Jean-Baptiste, par respect pour Camus et pour l'oeuvre de son traducteur, corrigez le titre de votre article. Il s'agit en effet de "Yon nèg apa" et non de "Yon nonm apa".

Certes, le très beau livre que vous nous présentez ne couvre pas la totalité du texte de Camus puisque, comme l'indique sa première de couverture, il s'agit du "tome I" de la traduction qui concerne donc la "Première partie" du chef-d'oeuvre original. Il faudrait parcourir également le "Tome II" pour y trouver notamment le procès que vous évoquez...

Par ailleurs, je partage votre constat concernant le risque pris par le traducteur de susciter des malentendus "dans la communauté des fanatiques de Camus" qui s'imagineraient trouver dans la traduction de Gourdet une "musique", le "souffle du génie de la langue française" ou encore une once d'une quelconque "sensibilité" ou "d’émotion". Mais, ce n'est pas parce que je ne fais pas ce crédit au traducteur, je l'en sais capable au regard de ses autres traductions dont celle, récente, de "L'odeur du café" (Da) de Dany Laferrière. Non.

C'est, au contraire, parce que, notamment par l'emploi omniprésent de la temporalité non narrative du passé composé, Camus nous offre consciemment dans son texte original la non-musique monocorde de l'indifférence de Meursault vis-à-vis du monde entier, indifférence pareil à celle que manisfeste le monde absurde envers le sort humain,... c'est aussi parce le texte original porte l'absence de sentiment et d'émotion voulu par Camus lui-même, absence qui n'empêche pourtant pas à son antihéros de se sentir heureux,... que je pense que la traduction de Gourdet rend à merveille l'essence même de l'intention créatrice de l'Auteur.

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