Haïti "pays de merde" ? Beaucoup d'émotion sur le plateau de CNN...

Suite aux déclarations de Donald Trump cette semaine sur Haïti, le Salvador et les pays africains, le présentateur vedette  de CNN, Anderson Cooper, a saisi l'occasion en fin de journal du 11 janvier dernier, pour parler de son Haïti à lui. Nous reprenons ici le contenu de l'intervention qui a été très remarquée et relayée à travers le monde.

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11 janvier 2018 - Anderson Cooper (c) CNN - Traduction : Ana Kileveya

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Avant de partir ce soir, je voudrais dire un mot sur Haïti, un pays que le président américain a qualifié aujourd'hui de "pays de merde".

Quand j'étais au lycée, j'avais un professeur haïtien nommé Yves Volel. Il a travaillé dur, aux États-Unis, pour éduquer les jeunes. Il est retourné dans son pays natal où il a été assassiné alors qu'il concourait aux élections présidencielles.

Je passe beaucoup de temps en Haïti. La première fois que j'y suis allé, c'était au début des années 90, en tant que jeune reporteur. En 2010, mon équipe de CNN a été le premier média étranger sur place après le tremblement de terre. J'ai passé plus d'un mois en Haïti et je suis revenu plusieurs fois pour mon travail ou en vacances.

Comme tous les autres pays, Haïti est une collection de gens: riches et pauvres, bien éduqués ou non, bons et mauvais. Mais je n'ai encore jamais rencontré d'Haïtien qui ne soit pas fort. Vous devez être fort pour résister dans un pays où parfois le gouvernement abandonne sa population, un endroit qui n'offre pas beaucoup d'opportunités et où la nature punit la population de manière plus cruelle qu'aucun être humain ne devrait jamais l'être.

Soyons clairs ce soir. Le peuple haïtien a traversé beaucoup plus et a tenu face à beaucoup plus d'adversité et ils se battent beaucoup plus contre l'injustice que le président Trump ne l'a jamais fait dans sa vie. Demain, fera exactement huit ans qu'un terrible tremblement de terre a frappé Haïti. Un séisme de magnitude 7,1 ayant tué 200 à 300 mille personnes. Nous n'en connaitrons jamais le nombre exact car beaucoup sont enterrés dans des fosses commune. Un million et demi de personnes ont été forcées de quitter leur foyer.

Pendant plusieurs jours et semaines sans l'aide du gouvernement ou de la police, le peuple haïtien a creusé, avec leurs mains nues, saignantes, pour sauver la vie de parfaits inconnus. J'étais là quand il ont sauvé, sans avoir de grands outils, une fille nommée Bee qui avait passé une journée sous les décombres. Ils sont venus sauver cette jeune fille et lui donner force, résilience et courage. J'étais là quand ils ont sauvé un garçon de 5 ans qui a passé plus de 7 jours sous des débris. Vous devez être fort pour passer 7 jours à boire l'eau de pluie des débris.

Les Haïtiens vous saississent la main solidement quand ils vous donnent la main. Ils vous regardent dans les yeux, ne clignent pas des yeux. Ils se tiennent droit avec toute la dignité. Beaucoup de dignité que les policiens de la Maison Blanche devraient apprendre d'eux. Une dignité que le président Trump malgré tout son argent et tout son pouvoir gagnerait à apprendre des Haïtiens.

En ce jour anniversaire du tremblement de terre, en ce jour où le président a fait sa déclaration sur Haïti, nous voulons dire à tous les Haïtiens qui nous écoutent ce soir, à Port-au-Prince, Jacmel, Bainet, à Miami et ailleurs, que nous espèrons qu'ils savent que nous pensons à eux et que nous les aimons.

Voir la vidéo (en anglais) :: Anderson Cooper's emotional message to Haiti

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